Musée d’Histoire de Marseille Dimanche 28 Novembre 18h
En coréalisation avec le Musée d’Histoire de Marseille et la Maison Dora Maar
Création Musicale collective – Livret Michel Pastore
Chrystelle Di Marco soprano, Maria Kohler récitante, Ablaye Cissoko, chant et kora, Pap Ndiaye chant guitare percussions, Thomas Morris récitant ténor, Yoann Pourre piano clavier, Naomie Kremer création peintures animées vidéos, Fabrice Duhamel régie technique
Visité Guidée Performance avec les artistes au Mémorial des Déportations Marseille 23.11.21 sur invitation
L’Intention
En possession d’un fragment inédit de Stéphane Hessel sur sa participation au réseau Rescue de Varian Fry et d’une mélodie de Meyerowitz sur un court poème de Char composée au Camp de Milles, Musiques Interdites s’est posé la question artistique d’un « devoir » de Mémoire. Contrairement au dictat Adornien selon lequel la poésie est impossible après Auschwitz, notre démarche se légitime par ces deux grands témoignages manuscrits : l’innommable peut être nommé grâce à la création, l’histoire se signifier présente comme l’accueil d’un perpétuel exil. Exil perpétuel des tirailleurs sénégalais, d’un Walter Benjamin, d’une Alma Mahler et de tous les exclus d’humanité en ranimant dans cette fiction historique l’étrangeté inhérente au lyrisme, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, à sa puissance de donner sa mémoire à l’instant. Cette visée sera servie par l’immersion de la représentation « à la recherche d’un passé » dans les peintures animées de Naomie Kremer.
Cet oratorio est issu d’une tournée au Sénégal, de la rencontre avec Ablaye Cissoko et d’une résidence de création à la Maison Dora Maar.
Gratuité Réservations musiquesinterdites@free.fr
Lectures avant Livret
« Le Passé apporte avec lui un index temporel qui le renvoie à la délivrance. Il existe une entente tacite entre les générations passées et la nôtre. Sur Terre nous avons été attendus. A nous, comme à chaque génération précédente fut accordée une faible force messianique sur laquelle le passé fait valoir prétention. Cette prétention, il est juste de na la point négliger. (…) la vérité que voici : de out ce qui jamais advint rien ne doit être considéré comme perdu pour l’Histoire. (…) Articuler historiquement le passé ne signifie pas le connaître « tel qu’il a été effectivement », mais bien plutôt devenir maître d’un souvenir tel qu’il brille à l’instant du péril… »
Walter Benjamin Thèses sur la philosophie de l’histoire 1940
« Moi ? je date de plus tard, de bien plus tard. Je ne peux prétendre être un enfant, mais je suis tellement récent que je peux prétendre être un homme de la dernière heure… ou est-ce de l’avant-dernière ? J’ai été longtemps hors du coup que je ne sais de combien ont avancé les aiguilles de l’horloge depuis … depuis… »
Joseph Conrad Victoire 1915
« Dès lors, à la caractérisation négative de l’histoire comme non-science, ni comme science à part, on peut ajouter une première définition positive, bien qu’incomplète : l’historien doit raconter une histoire. On notera que le terme « histoire » est pris ici dans un sens souple, qui embrasse toutes les sortes de récits… »
Siegfried Kracaueur L’Histoire des avant dernières choses 1969
« Centrer sur l’« authentique » dissimulé dans les interstices des convictions dogmatiques du monde, fonder ainsi une tradition des causes perdues ; donner un nom à ce qui était jusqu’alors innomé.(…)
Siegfried Kracaueur Notes 1966
« Dès que vient un homme qui apporte avec lui quelque chose d’originel, qui ne dit donc pas : Il faut prendre le monde comme il est… mais bien : Que le monde soit comme il voudra, je maintiens une simplicité que je n’entends pas modifier au gré des gens – dès que le monde entend ces paroles, toute l’existence se métamorphose. Comme dans le conte lorsque le mot est dit, que les portes du château soumis à un enchantement séculaire s’ouvrent et que tout s’anime – ainsi la vie est toute aux écoutes. Les anges commencent à avoir de l’ouvrage et regardent avec curiosité pour voir ce qui va advenir, car c’est cela qui les préoccupe. De l’autre côté, de sinistres démons qui, longtemps inactifs, s’étaient contentés de se ronger les ongles, sautent sur leurs pieds et s’étirent, en disant : « voilà quelque chose pour nous » »
Franz Kafka citant Kirkegaard in Max Brod Franz Kafka une biographie 1937.