Fabrice Luchini travaille depuis longtemps dans le secret de son art la poésie de Baudelaire. Quelques poèmes (La servante au grand cœur, le Voyage) sont présentés au public. Le projet d’une soirée entièrement consacré au poète maudit était-il possible ? Qu’en était-il des Fleurs du Mal aujourd’hui ?
Avant tout « l’immédiateté » de Fabrice Luchini à rendre une œuvre littéraire dans une unanime adhésion : et cela partout – hors même les conventions scéniques ou poétiques – et pour tous – pour chacun – jusques aux derniers réfractaires que Baudelaire, le poète, voulut inclure à sa propre confrérie (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère »).
Et puis le « médium » des mélodies de Duparc, Fauré, Debussy, Capdevielle, Ferré, où les licences du verbe se concluent définitivement dans les magnificences lyriques. C’est dire un voyage où la liberté fondamentale rendue aux textes, frôlant « l’Inconnu pour trouver du Nouveau », aurait en contrepoint les déhiscences musicales, ces « Réminiscences » d’une « Vie Antérieure »…
Contrepoint au sens musical ou pictural du terme, thème baudelairien par excellence de deux miroirs réfléchissant – des deux amants – du dialogue perpétuel entre Spleen et Idéal…
Dialogue toujours en mouvement, dans les résonnances du chant, dans les tracés du murmure, dans la perfection du souvenir, dans la liberté du moment.
Nous avons réuni, en regard des mélodies, quelques poèmes, certains Petits Poèmes en Prose, des extraits de lettres de Baudelaire à sa mère, certaines dédicaces, l’énoncé de la condamnation de l’œuvre … et nous avons pu ressentir combien, avec Baudelaire, créateur de la Modernité, les Fleurs du Mal, par leur liberté même, sont encore et toujours d’actualité.