Concert Quatuors Ultimes – Ullmann Bartok

Vendredi 14 novembre à 20h00 Cryptes Abbaye Saint Victor

Quatuor Musiques Interdites formés des solistes de l’Orchestre Philharmonique de Marseille. 

Ullmann compose en 1943 dans le camp de concentration de Terezin son dernier quatuor avant d’être assassiné en 1944 à Auschwitz. Bartok compose en 1929 son 4eme bouleversant quatuor avec pour dédicace celle du dernier quatuor de Beethoven « Cela doit-il être ? Cela doit-être » et exigera de faire partie de la liste des musiciens interdits par les nazis avant de s’exiler aux Etats-Unis.

Viktor Ullmann 3eme Quatuor

Si en 1935 Ullmann remporte un grand succès avec son premier opéra « La Chute de l’Antéchrist » pour lequel il obtiendra le Prix Hertzka, les discriminations continuelles de la population juive le forcent à cesser son activité musicale devant le grand public. Il se retire alors pour donner des concerts en privé. Le 8 septembre 1942, Viktor Ullmann et sa femme sont déportés à Terezín. Le Troisième Quatuor à cordes, en quatre mouvements, y a été achevé au mois de janvier 1943. Aux côtés d’un autre compositeur, Gideon Klein, né lui dans la ville de Přerov, Viktor Ullmann participe activement à la vie culturelle de Terezín dans le cadre de la prétendue « Organisation des loisirs » en tant que compositeur, chef d’orchestre, pianiste, pédagogue et critique musical. Il crée le Studio pour la musique nouvelle, et compose des chœurs, des chants, des quatuors à cordes, trois sonates pour piano, ainsi que l’opéra « L’Empereur de l’Atlantide ou le refus de mourir », devenu alors une œuvre symbolique de la destruction de plusieurs générations d’artistes juifs. Le 16 octobre 19 44, Viktor Ullmann est transféré avec sa femme directement vers les chambres à gaz d’Auschwitz. L’un des plus importants compositeurs de la première moitié du XXe siècle y trouve la mort deux jours plus tard. Ayant peut-être pressenti avant son départ de Terezin, ce qui l’attendait, Viktor Ullmann, confie ses compositions et ses écrits à un ami, qui les conserva ; un acte de prouesse et de résistance sachant que la plus grande partie de ses œuvres avaient disparu pendant l’occupation allemande. On rapporte qu’il disait :« En aucun cas, nous ne nous sommes assis pour pleurer sur les bords des fleuves de Babylone. Notre engagement en matière artistique est à la mesure de notre volonté de vivre ».


Bela Bartok 4eme Quatuor

Composé à Budapest de juillet à septembre 1928, il fut créé le 20 mars 1929 à Budapest. Ce chef d’oeuvre est composé de cinq mouvements symétriques par leurs thèmes (le premier répondant au dernier et le second au quatrième) et emploie une grande variété de techniques de jeu dont des glissandi et des pizzicati. Peu après, Bartók ne se compromet pas avec le régime hongrois autoritaire allié des nazis : il refuse que ses œuvres soient jouées dans des concerts nazis, et demande volontairement à faire partie des compositeurs bannis dans l’exposition « Entartete Music – Musique Dégénérée » à Düsseldorf. Il écrit à une amie avant de s’exiler aux Etats Unis : « La question n’est absolument pas « Muss es sein ? », car « es muss sein ! ». » (Beethoven, évoquant peut-être le destin, avait noté cette question/réponse en tête du dernier mouvement de son Quatuor à cordes no 16 : « Cela doit-il être ? Oui, cela doit être ! »

Quatuor « Musiques Interdites » Dali Feng, Matthieu Latil violon Brice Duval alto Xavier Chatillon celloSolistes de l’Orchestre Philharmonique de Marseille 

La même saison

Concert Mahler 2eme Symphonie « Résurrection »

Concert Mahler 2eme Symphonie « Résurrection »

La 2ᵉ Symphonie est emblématique des grandes questions qui traversent l’œuvre de Mahler : la vie, la mort et la possibilité d’une résurrection. Son finale grandiose, avec chœur et solistes, constitue l’un des sommets de la musique symphonique. Interprété par l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille sous la direction du jeune chef d’orchestre prodige Michele Spotti, ce concert promet d’être un moment d’intense émotion musicale. Cette œuvre colossale, d’une durée d’environ 80 minutes, résonne particulièrement avec l’esprit du Festival Musiques Interdites : une musique bannie qui, par sa puissance émotionnelle et spirituelle, transcende les interdits pour affirmer la victoire de l’art sur l’obscurantisme.

Symposium « L’Art Dégénéré : Les Musiques Interdites »

Symposium « L’Art Dégénéré : Les Musiques Interdites »

Thématiques abordées : Les politiques culturelles du IIIᵉ Reich et la notion d' »art dégénéré » / Les compositeurs juifs persécutés : trajectoires et œuvres/ La musique comme forme de résistance / L’héritage contemporain des musiques interdites / Enjeux de la redécouverte et de la programmation

Événements associés : Exposition de documents d’archives rares / Projections de vidéos documentaires / Table ronde avec les artistes du Festival / Le symposium sera ponctué d’intermèdes musicaux interprétés par les artistes du Festival Aude Extremo, Irona Spotina, Pap Dniaye et Xaver Chatillon, offrant ainsi une illustration sonore aux débats théoriques. Avec la participation de Raphaël Imbert

Concert hommage à Franz Schreker

Concert hommage à Franz Schreker

Considéré comme l’un des compositeurs les plus importants de sa génération, Schreker fut destitué de ses fonctions à l’Académie des Arts de Berlin dès 1933 et ses œuvres furent bannies des salles de concert. Sa condamnation par les nazis a plongé son œuvre dans l’oubli. Il a fallu attendre 1975 pour que son dernier opéra « Christophorus » interdit de création en 1929 soit créé. Cette soirée propose une immersion dans l’univers sonore fascinant et méconnu de Schreker, dont la musique associe influences romantiques tardives, expressionnisme et impressionnisme dans un langage musical d’une grande originalité.